© Jean-Marie Marcel
© Jean-Marie Marcel
Jacques Ibert est né le 15 août 1890 à Paris (10ème), 4 Cité d’Hauteville. D’origine normande, son père, Jacques Ibert (1853-1933) était commissionnaire en marchandises. Sa mère, Maguerite Lartigue (1863-1934), était une excellente pianiste amateur, élève de Le Couppey et de Marmontel, et avait souffert de ce que son père, haut fonctionnaire des Finances, ait jugé peu respectable pour l’une de ses filles de faire une carrière professionnelle. Aussi reporta-t-elle son amour pour la musique sur son fils unique en rêvant d’en faire une virtuose. « Ma mère », raconte Jacques Ibert, « souhaitait me voir devenir un grand violoniste chevelu et romantique. Pour cela, elle décida de m’apprendre mes notes avant même que j’eusse une notion élémentaire de l’alphabet. J’avais alors quatre ans. Après quelques essais violonistiques malencontreux, dus à la fatigue que l’étude de cet instrument imposait à ma santé fragile,ma mère me mit les mains sur le clavier, et, avec une patience et une ténacité admirable, commença à guider mes premiers efforts . »
Jacques Ibert manifesta très tôt des dons d’improvisateur et, dès l’âge de douze ans, il se met à composer des valses et des mélodies, en cachette de son père qui craint que la musique ne détourne son fils de ses études classiques au collège Rollin.
Après avoir passé son baccalauréat, Jacques Ibert se voit contraint d’entrer en apprentissage au bureau de son père. Il y travaillera à la fois comme manutentionnaire et comme représentant de commerce.
En même temps à l’insu de sa famille, il s’inscrit pour la modeste somme de un franc par mois à un petit cours de solfège et d’harmonie.
Passionné de théâtre, il suit aussi les cours d’art dramatique de Paul Mounet. Encouragé par celui-ci, il envisage de devenir comédien mais cette vocation suscitant l’hostilité de ses parents, il décide alors de se consacrer entièrement à la musique.
Sur les conseils de Manuel de Falla, ami de la famille, il se présenta au Conservatoire et entre successivement dans la classe d’harmonie d’Emile Pessard (1911), dans celle de fugue et de contrepoint d’André Gédalge (1912) où il se lie d’amitié avec ses condisciples Arthur Honegger et Darius Milhaud, enfin dans la classe de composition et d’orchestration de Paul Vidal(1913). Pour gagner sa vie,il donne des leçons, improvise au piano pendant la projection des films dans des cinémas de Montmartre, écrit des chansons populaires et des musiques de danse dont certaines sont publiées sous le nom de William Berty.
«Une blague qu’on ne fait pas deux fois»
La guerre de 1914 interrompt ses études. Réformé, Jacques Ibert s’engage d’abord dans l’infanterie comme brancardier-infirmier et rejoint le front en Novembre 1914. Au printemps 1916, il contarcte une parathyphoïde et est de nouveau réformé. Il se rengage alors dans la Marine et, promu officier, de 1917 jusqu’à la fin des hostilités il servira à Dunkerque sous les ordres du vice amiral Ronarc’h qui le décorera de la Croix de Guerre. En 1919, encore sous l’uniforme,et contre l’avis de ses maîtres, il se présente au Concours de Rome («une blague qu’on ne fait pas deux fois»,dira-t-il) et remporte d’emblée un Premier Grand Prix qui, pour un séjour de trois ans à Rome, lui ouvre les portes de la Villa Médicis dont il deviendra après Berlioz et Debussy ,l’un des pensionnaires musiciens les plus marquants. De cette époque datent La Ballade de la Geôle de Reading et les Escales qui lui apporteront rapidement une notoriété mondiale. Quinze ans plus tard, il est appelé à la Direction de l’Académie de France à Rome, puis en 1955/1956, il cumulera ces fonctions avec celles d’Administrateur de l’Opéra de Paris. Elu à l’Institut de France en 1956, il sera terrassé par une crise cardiaque à son domicile parisien le 5 février 1962.
«L’émotion ne s’imite pas»
«Le mot système me fait horreur et je fais le pied de nez aux règles préconçues ». Antidogmatique, farouchement indépendant, Jacques Ibert a su rester libre, « dégagé de tous les préjugés qui divisent si arbitrairement les défenseurs d’une certaine tradition et les partisans d’une certaine avant-garde.» «Ce qui compte en art »,disait-il, «est le plus souvent ce qui émeut que ce qui surprend. L’émotion ne s’imite pas: elle a le temps pour elle».
©2010 Véronique Péréal
Conception Martin Péréal
Pièce Romantique
Jacques Ibert